Tu veux ma photo ?!Russel est un ado dans les règles, c'est à dire en pleine crise... Néanmoins, avouons que ce n'est pas la plus violente qui soit. Il veut prouver qu'il est autonome, il s'en-tête à montrer qu'il est fort. Mais en réalité, il n'est bien sûr rien de tout ça. Rusty pourrait vite s'énerver quand on le titille, mais il n'a pas mauvais fond, ce garçon. Il est seulement un peu étouffé par la famille, qui pour le coup est très solidaire, puisque tous travaillent ensemble. Il est peut-être un peu du genre méfiant de prime abord, mais cède vite sa confiance aux inconnus, pourvus qu'ils aient une bonne tête. Russel n'est pas très perspicace, et ne connais pas tout à fait les dangers du monde extérieur à son cercle familial. C'est un gamin simple, qui se contente de peu. Retrancher sur les terres de l'élevage de blizzis pendant surement trop longtemps, le rouquin ne découvre que depuis peu de temps toute l'étendue qu'a le monde autour de lui... Depuis qu'il possède enfin un rôle lui permettant de voyager.
Il est, du coup, assez indépendantiste, mais essaye de se soigner en développant une curiosité nouvelle pour tout ce qui ne concerne pas sa famille. Les cousins, les oncles, les grands-parents... Parfois il en fait vraiment des overdoses. Ça ne l'empêche pas d'aimer les siens, non. Mais tout de même, il ne cracherait pas sur un ou deux moyens de s'en échapper pour une petite durée, revenant plus tard avec le sourire et une loyauté toute renouvelée.
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Si, tu veux ma photo... L'air ouvert et bien attentionné, Russel ne pousse pas à la méfiance. Les cheveux roux plutôt clairs, des yeux verts parfois un peu trop gros, le garçon a sans conteste « une bonne bouille » et s'en plaint volontiers à chaque fois qu'il aperçoit son reflet dans un miroir, lui qui voudrait paraître plus viril. Sa peau est pâlichonne, elle a perdu sa splendeur du temps où les Koons habitaient Sòl. Si l'on se rapproche assez près, on remarquera quelques tâches de rousseur discrètes, mais le vent de Berra semble les avoir soufflé au point de presque les effacer. Le bonhomme rougit vite, avec sa peau toute décolorée, et quand il est enrhumé, son nez se pare de couleurs écrevisse et ses paupières d'un peu d'algue. Non vraiment, Russel n'est pas charmant quand il est malade. Rusty paraît grand, mais attention, pas le grand baraqué, ce serait trop facile... On parle ici de grand dadet, de dégingandé. Russel a grandit un peu trop vite, et a dû oublier de prendre de la masse musculaire par la même. Encore un grand drame dans sa vie. Mais il pense pouvoir se rattraper dans une ou deux années.
Comme il baguenaude le plus souvent dans la neige, le Russel est un animal qui porte le plus clair du temps une paire de boots aux pieds. Rares seront les fois où vous pourrez l'observer avec des bottines lui descendant en dessous du mi-molet, même lorsqu'il enfourche sa bicyclette. C'est casse-gueule, mais Russel est fainéant, alors il fera avec. Pour le reste, il est adepte des motifs à carreaux et des écharpes à profusion, et puisqu'il en a marre de toujours avoir le bat du pantalon mouillé quand il est dehors à travailler, il ne porte plus que des shorts. Esprit contradictoire, quand tu nous tiens.
Allez, tant qu'on y est, j'ai tout l'album à te montrer. Rusell, dit Rusty le rouillé - en référence à sa tignasse carotte - a vu le jour dans une bourgade perdue entre les champs de l'Austri. Il n'y restera que trois ans avant que ces parents ne déménagent, et ne l'emportent avec eux, en direction de l'est de Sudri. Là-bas, les Koons avaient de grands projets : aidés de leurs frères et sœurs respectifs, ils se lanceraient dans une entreprise familiale... Ils élèveraient des pokémons.
Des rêves, des moyens, de la main d'œuvre, pourquoi se priver ? Ainsi les Koons&Co, aussi appelés Entreprise CoKoons, tenaient à se faire une place au milieu du marché en commercialisant ce qu'ils pensaient être une idée révolutionnaire à l'époque. Très résistants aux conditions arides du désert, les
Cacneas seraient l'or qui les rendraient riches. Il leur faudrait simplement pour cela élever ces pokémons cactus aux airs de ballons de beach-volley, récupérer leurs épines
(ceci n'était en rien de la torture : les cacneas jetaient volontiers leurs épines sur tout ce qui bougeait), les broyer, en récupérer le concentré - et parfois la pulpe - pour en faire un produit énergisant pour pokémons !
Malheureusement, les cultures des CoKoons ne fonctionnèrent pas comme escompté, et l'étrange mixture qu'ils s'évertuaient à commercialiser n'attirait pas de client... Certainement à cause de l'aspect peu ragoutant du produit, en y repensant. Pour le goût, personne n'aura osé tester.
Soit, les Koons perdaient une manche, mais ils comptaient bien remonter la pente, et ne pas laisser tomber la guerre. S'expatriant à l'autre bout du monde avec le peu d'économies qu'ils leur restaient, ils abandonnèrent presque tout sur place, et ne pensèrent même pas à vendre les cactus, à qui ils rendirent la liberté, eux qui n'avaient jamais connu la vie sauvage. Russel était trop petit pour bien comprendre l'ampleur de la chose au moment des faits, mais depuis, il était finalement bien content d'avoir pu emmener l'un de ses protégés avec lui, plutôt que de l'abandonner comme les autres. Carton-Pâte, aujourd'hui un cacturne affirmé, n'est certes pas de la meilleur compagnie, mais grâce à lui Rusty avait un peu l'impression de se racheter.
Voilà donc que les Koons posaient bagages au Nordri, en bordure des plaines de Berra. Russel ne possède pas énormément de souvenirs de cette époque, si ce n'est qu'il eu très froid, et pendant longtemps. Se familiariser avec les basses températures du blizzard après avoir connu le soleil tapant de Sòl lui prit surement plusieurs années maintenant qu'il y repensait. Depuis, néanmoins, il s'y était fait, et les shorts du jeune hommes portés par des temps négatifs devaient bien le prouver.
Au Nordri les CoKoons ressuscitèrent, et leur nom parvint à percer dans la tête de quelques habitants de la région. Finit les cactus, place au sapins ! Dorénavant les Koons ne s'attarderaient que sur les
Blizzis, qui, au printemps, réservent de belles surprises aux petits et aux grands. Forts de leur premier échec, la famille avait bien compris qu'il fallait viser un produit plus vendeur, aussi les baies des blizzis, très proches en aspect et en goût de la crème glacée, étaient toutes choisies ! On ne s'attaquait plus à la nourriture pour pokémon, mais à celle des hommes... et, il fallait le reconnaître, cela avait plus d'impact que tout ce qui était espéré. Les Koons se renflouèrent vite, et parvinrent à classer leur activité comme « viable », pour finalement rester jusqu'à nos jours où ils s'étaient implantés, vivant toujours du même commerce. Les blizzis se sont multipliés, leur nom a traversé les régions. Oui. On peut le dire, les Koons ont finalement réussi à percer.
Et Russel dans tout ça, hein ? Certes, votre questionnement est légitime.
Rusty a suivit un enseignement scolaire basique, sans pokémon incorporé entre les cours... sans académie en somme, juste le collège, et c'était bien assez au goût du garçon. Il arrêta les études à quinze ans, car il redoubla une année en primaire. Un peu dyslexique sur les bords, surement.
Allez plus loin dans la scolarité ne l'intéressait pas plus que ça. Après tout, son avenir était déjà tout tracé, non ? Qu'il fasse des études ou pas, il était coincé dans l'élevage... Alors à quoi bon. Depuis qu'il a arrêter de suivre des cours, Russel a donc du temps libre, et l'entreprise familiale ne s'en plaindra pas. Quelques délivrances de baies glacées à faire dans des endroits isolés ? Fort bien ! Léguons cela à Rusty, ce brave gaillard et sa bicyclette feront amplement l'affaire, plutôt que de dépenser des sous avec un coursier indépendant. Et voilà Russel qui était affecté aux petites livraisons, cageots et cartons ficelés à son porte bagage, le vent en poupe.
Nous rajouterons également que depuis moins d'un an, une partie des CoKoons s'est expatriée dans les sombres (?) forêts du Westri, dans l'optique d'agrandir un peu plus le champs d'action de l'entreprise. Il y a des sous, alors autant en profiter ! Et s'il est possible de le faire fructifier, il n'est alors pas question de s'en priver.
Après les blizzis, c'est sur les
Balignons que les spotlites seraient tournés. Ces pokémons - aux spores si toxiques qu'ils tuent toute forme de vie végétale autour d'eux - serviraient à la conception de désherbants surpuissants... A condition de porter une combinaison adéquate pour s'occuper des ces grognons champignons.
Ainsi, peut-être vous arrivera-t-il de croiser Russel faire la navette entre les deux campements de Koons&Co, transportant marchandises, équipement supplémentaire, ou que savons-nous encore...