Alis. Ce prénom féminin méconnu cache une troupe de personne à la connotation beaucoup moins délicate. L’origine de ce patronyme reste un mystère pour la grande majorité des membres. Tout ce qu’ils peuvent en dire, en fait, c’est qu’il a été choisi par leur Big Boss. Et ils ne peuvent que s’incliner face à l’anonymat que cela leur octroie. Les phrases codées se multiplient naturellement et sont d’une limpidité pour tous les membres de cette organisation. Alis.

Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Peu de gens le savent, en vérité. Si le gouvernement s’est rendu compte de l’existence d’une forme de terrorisme, ils ignorent encore tout de sa véritable ampleur. Pas véritablement exceptionnelle, en vérité, mais assez pour commencer à changer les choses et faire parler d’elle. Tout a commencé en douceur ; des détails quasiment imperceptibles, des erreurs hasardeuses. Et puis, tout s’est amplifié. Des rumeurs, des indices. On soupçonne, on accuse. Pourtant, la population est dans l’ignorance. On l’appelle l’organisation ‘A’, à cause d’une missive signée de cette simple lettre. Personne n’aurait l’idée de songer à un prénom féminin aussi banal qu’Alis. Personne ne songerait à quelque chose d’aussi simple. Même le gouvernement qui, au centre de tous les problèmes qu’elle engendre, ne s’y retrouve plus. Les coupables à traquer sont, semblent-ils, trop bien masqués.

Ces coupables sont médiatisés, et bien que personne ne connaisse ni leurs noms ni leurs visages et encore moins leur véritables intentions, tout le monde se met à les mépriser. Tout le monde se met à mépriser, peut-être, une sœur, un fils, une voisine, un ami, une collègue, un amant. Parce qu’à cause d’eux, le progrès ralentit, donc les choses empirent. L’économie freine, et Ymir entre en crise, lentement mais sûrement. La fluctuation progressive des prix flirte avec les difficultés scientifiques, et les recherches stagnent lorsqu’elles ne sont pas suspendues. Les ressources disparaissent. L’énergie part ailleurs. Ailleurs.

Ailleurs, c’est vers Alis. Peu de gens le savent, mais les pokéball et toutes ses formes évoluées n’ont pas seulement un rôle de maison miniature pour les pokémons. Loin de là. Si Ymir est si luxuriante depuis tant d’années, si elle semble inépuisable sur tous les plans que ce soient, c’est parce que l’énergie qu’elle emmagasine est d’une puissance sans précédent. Cette énergie provient en grande majorité de l’évolution des pokémons. En évoluant, un pokémon se délaisse de certains de ses attributs, qui s’échappent en une espèce de brume poreuse et épaisse. Cette brume semble se volatiliser dans l’atmosphère, mais il n’en est rien. Certes, en se dilatant, elle ‘disparait’ de l’œil humain, mais son chemin est calculé et élaboré. En allant se nicher dans la pokéball, elle entame un processus remontant jusqu’aux plus grands laboratoires de Midgard et aide à l’expansion d’Ymir. Les pokémons ne subissent rien, puisqu’ils se débarrassaient de toute façon de ce surpoids superflu. Ils servent leur patrie comme le ferait un citoyen lambda allant travailler tous les jours.

Là où Alis intervient, c’est qu’elle cherche à établir un moyen plus égal de distribuer cette énergie, appelée évolumen. Cette évolumen possède des vertus bien plus aptes à servir l’humanité qu’en faisant tourner une machine capitaliste ou en aidant à la recherche de puissance censée insuffler un nouveau souffle chez les pokémons en les boostant de manière sibylline. Avec elle, les soins médicaux sont multipliés par trois, et c’est ce que recherchent avant tout les sbires d’Alis. Faire profiter les gens de cet avantage. Le Marché Noir est leur territoire officiel, et c’est là que viennent se servir les grandes familles désillusionnées par la médecine traditionnelle. Cet argent leur sert de subvention, et leur méthode s’améliore de jour en jour. Pourtant, seuls les plus hauts gradés savent manier l’évolumen avec doigté ; quoiqu’on en dise, leur objectif est noble. Mais ils ne sont pas à l’abri de petits malins appâtés par l’argent, et ils ont d’ailleurs incroyablement raison. Parmi les âmes charitables d’Alis existent quelques opportunistes qui profitent des fioles égarées pour s’approprier leur prix faramineux.

Alis se considère comme une justicière masquée dont les actions aident l’Humanité à évoluer de manière positive. Pourtant, pour une vie sauvée à l’aide de l’évolumen récoltée clandestinement, des recherches sur des maladies beaucoup plus complexes ralentissent, et les subventions accordées à celles-ci s’amenuisent. Alors, y a-t-il des priorités à envisager ? Seuls les membres d’Alis et ceux qui désirent en faire parti peuvent répondre à cette question. Quant au reste..